Le traitement politique de l’affaire des policiers condamnés par le tribunal correctionnel de Bobigny est une nouvelle attaque à la séparation des pouvoirs.
Chaque jour nous rendons la justice au nom du peuple français.
Chaque jour nous recevons des centaines de procédures réalisées par des fonctionnaires de police ou militaires de la gendarmerie
Chaque jour nous répétons aux mis en cause quand ils affirment que ces procès verbaux sont des faux qu’ils sont réputés comme vrai jusqu’à la preuve du contraire.
Alors oui, nous estimons que les faits pour lesquels les policiers étaient renvoyés devant le tribunal correctionnel sont très graves car ils jettent un trouble sur le travail quotidien de milliers de policiers avec lesquels nous travaillons en bonne intelligence et en totale confiance.
Or loin de se contenter de remettre en cause la pratique des policiers ce qui pouvait être considéré, en l’espèce, comme un minimum, et attendre que la justice suive son cours notamment en appel, le Ministre de l’Intérieur a, une nouvelle fois, jeté le discrédit sur la justice, déplaçant ainsi le débat.
Loin de respecter, comme il le prétend, l’institution judiciaire, le Ministre de l’Intérieur comme d’autres par le passé, cherche à opposer la police à la justice, le pouvoir politique à l’autorité judiciaire, la légitimité des urnes à la légitimité de la loi. En mettant en cause la Justice alors même que le problème en l’espèce est le comportement de quelques policiers, ce qui n’en fait qu’une simple affaire ponctuelle, le pouvoir exécutif tente de faire oublier à l’opinion publique les dysfonctionnements policiers, ainsi que les conditions matérielles et financières avec lesquelles ils exercent leur profession notamment en SEINE SAINT DENIS.
Les attaques à répétition de la Justice par les représentants du pouvoir exécutif doivent cesser car elles n’ont pour seul objectif que de déplacer sur un terrain politique les décisions de justice. L’utilisation d’amalgames à répétition sur l’irresponsabilité des magistrats ou leur laxisme sont autant de leurres non fondés en fait et en droit et à seule visée politicienne.
La justice a besoin de sérénité et de respect. Les magistrats travaillent en totale confiance avec les policiers et gendarmes. Nous sommes prêts à travailler encore d’avantage pour échanger sur nos pratiques comme sur la pratique de la garde à vue. Mais si les politiques ne sont pas capables de faire respecter la Justice, et s’ils ne respectent plus son indépendance, alors il est temps que le peuple français au nom de qui la justice est rendue s’accorde sur d’autres manières d’assurer la séparation des pouvoirs dans notre pays, seule garantie de notre Démocratie.
Jeune Magistrat
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