Week-end de permanence, je suis seul avec ma greffière dans mon fief judiciaire. Un jeune garçon de 17 ans m’est déféré pour une agression dans la rue : banale histoire sur mon département de regards croisés qui a mal tourné. Les éducateurs me préviennent qu’il est assez violent pour avoir été durement frappé pendant son enfance par son père. Aujourd’hui, il vit seul avec sa mère sur lequel il lui arrive de lever la main. D’emblée, le jeune est fermé à la conversation, manipule son téléphone portable, exprime le souhait d’être remis en liberté rapidement. Comme je ne me résous pas à me débarrasser de lui et de la difficulté, j’évoque les sujets qui fâchent. Il se fâche. Je tiens bon. Il se crispe et s’agite. Sa mère et son avocate s’effondrent. Je résiste. Il éclate et m’outrage, devient de plus en plus menaçant. Je sens que le moment arrive où il ne va plus se contenir. J’appuie sur le bouton de la sécurité. Rien. Le jeune s’en aperçoit. Rien. Je tempère, je nuance, j’atermoie, je recule... Toujours rien. La tension est à son comble. Mais rien de rien du côté de la sécurité. Juste le signal lumineux qui clignote sur mon téléphone. Finalement, je lui notifie son contrôle judiciaire. Il le signe et s’en va. Je parle encore longuement avec la mère et son avocate. Elles s’en vont à leur tour, me remerciant de ma maitrise et s’excusant du comportement du jeune. La porte se ferme. 5 minutes se passent. Le téléphone grésille et une voix finit par demander : "Allo ? Vous avez demandé la sécurité ?". VDM !
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