Ce soir, j’ai un peu honte.

Je rentre après une journée passée au service des justiciables, je lis les nouvelles, et notamment celles de l’Assemblée nationale. Et j’ai un peu honte.

Un député, représentant de la nation, donc me représentant moi aussi, présente une résolution au vote de son assemblée. Ce qu’il demande ? La suspension des poursuites judiciaires dont il est l’objet.

Oh ce n’est pas grand chose une suspension, ça dure le temps de la session parlementaire, laquelle se terminera au mois de juillet. Ce délai permettrait tout juste de prétendre au renvoi d’une audience correctionnelle, renvoi qui lui serait de toute façon accordé s’il le demandait au tribunal.

Alors pourquoi. Pourquoi ce nouveau geste de défiance à l’encontre de l’autorité judiciaire. Déjà, face à la mise en examen d’un ancien président de la République, l’intéressé avait argué que des juges souhaitaient s’en prendre au pouvoir exécutif. Avec une nette clairvoyance puisque quelques mois plus tard, les mêmes prononçaient un non-lieu à l’encontre de son ami politique.

Alors pourquoi à nouveau instrumentaliser une lutte de pouvoirs au sein de la République ? Pourquoi vouloir obstinément faire voter une assemblée parlementaire sur son cas personnel, sous prétexte de la liberté d’expression, afin de mettre en concurrence pouvoir législatif et autorité judiciaire.

Qui sortira grandi de cette expérience ? Un député ? Le Parlement ? Les tribunaux ? La République ? Personne, sans doute. Au contraire, toutes les institutions seront encore un peu plus décrédibilisées, affaiblies, et les citoyens, témoins de cette agitation, un peu plus écoeurés du comportement de leurs élites, qu’elles gouvernent, légifèrent ou jugent.

Alors oui. Ce soir, je rentre après une journée passée auprès des justiciables, je lis les nouvelles, et notamment celles de l’Assemblée nationale. Et j’ai un peu honte.